Une esthétique de l´outrage?

Une esthétique de l´outrage ? Face à des productions scandaleuses, les critiques usent aisément d´un vocabulaire adapté en les qualifiant d´impertinentes, d´irrévérencieuses, de blasphématoires, de sacrilèges, voire de subversives. Certes, régulièrement, ces propositions dont les auteurs revendiquent le caractère radical font l´objet de polémiques. Certaines d´entre elles se confrontent à des procédures d´interdiction. Comment appréhender et comprendre ces foucades artistiques ? Comment approcher leur éventuel (relatif ?) potentiel critique ? Comment distinguer les démarches et les oeuvres qui répondent simplement aux exigences du spectacle et celles qui, malgré tout (tout en évaluant le risque d´être récupérées), relèvent franchement d´un parti pris rebelle ? Mais encore, franchir les limites et bafouer les valeurs suffit-il pour déstabiliser les idées reçues et convenues, pour fragiliser l´ordre existant, pour faire que l´art échappe à ce que Noam Chomsky appelle la « fabrication du consentement » ? Au-delà, en invoquant une absolue liberté artistique, les artistes peuvent-ils s´affranchir de toute loi et de toute morale, se prévaloir du principe d´irresponsabilité ? En analysant quelques exemples significatifs, il s´agira d´évaluer les enjeux liés à de tels parti pris et, en pointillés, d´esquisser ce qui pourrait être une authentique esthétique de l´outrage.