Les voyages du comédien

Les voyages du comédien
17,90 €
Sense existències ara
Rep-lo a casa en una setmana per Missatger o Eco Enviament*
Au film magnifique de Theo Angelopoulos, Le Voyage des comédiens (1975), fait écho aujourd’hui Les Voyages du comédien, essai de Georges Banu – homme de théâtre français d’origine roumaine pour lequel les arcanes du théâtre d’art de nos dernières décennies ne font pas mystère.
Pour le critique au regard aigu, » L’histoire de la scène moderne s’articule autour de ce Mur de théâtre à jamais intégré dans les esprits, fût-ce pour le défendre ou le combattre. Et cela mènera au dilemme, inlassablement relancé, du jeu « de dos ou de face« . Comment appréhender l’acteur glissé dans l’enveloppe de son personnage comme dans un gant ?
Ce qui subjugue le spectateur face à l’acteur sur scène, c’est la constante liberté de ce dernier à casser et à fissurer le fameux pacte de clôture. C’est un acteur insoumis qui préfère les échanges furtifs avec le public, installant avec audace son « moi », là où on ne l’attendait pas. La loi de la séparation scène/salle n’est pas entièrement abolie mais l’acteur lui désobéit : » Comment rester insensible à ce frémissement d’un « moi » d’acteur qui s’agite et se montre, malgré l’autorité nullement rejetée du caractère à jouer ? » Le spectateur éprouve un sentiment de complicité avec cette révolte sourde de l’acteur qui s’oblige à goûter à la liberté, quant au rôle, au metteur en scène, au public. Le voyage s’accomplit par étapes, de l’acteur européen à l’acteur oriental en passant par l’acteur étranger.
De Gérard Philipe à Sotigui Kouyaté, Valérie Dréville ou André Wilms. L’analyse du corps, associé à l’âme de l’acteur, ouvre à un calcul de probabilités considérables. En 68, c’est le corps nu dans les mises en scène du théâtre d’avant-garde qui surprenait le public, remplacé aujourd’hui par le corps travesti qui déstabilise , avec des interprètes comme Olivier Py, Michel Fau, et des metteurs en scène comme Warlikowski… Par ailleurs, quand le corps maniériste exacerbe sa virtuosité, cela peut être un récital éblouissant : par exemple, Redjep Mitrovitsa dans Hernani, mise en scène d’ Antoine Vitez, Isabelle Huppert dans Orlando, mise en scène de Bob Wilson.
Quant aux corps fatigués d’acteurs mythiques, comme l’allemand Berhnard Minetti décédé en 97, ou nos Michel Piccoli et Jeanne Moreau, ils drainent sur le plateau une pléiade de personnages, tout en ressuscitant le passé du spectateur. L’acteur âgé confirme la persistance de la mémoire et le travail du temps dont il est l’allégorie scénique.
Georges Banu se fait le témoin artistique d’une existence qu’il arpente sur les chemins du théâtre, dans cet espace de l’entre-deux de la vie et du rêve, un territoire qui lui sied naturellement, sur les marges de la scène et du plateau, dans la salle encore ou près du foyer ensuite, pour converser avec les interprètes, metteurs en scène, auteurs, scénographes, musiciens ou bien traducteurs. Au service constant de l’art du théâtre.