La Vie tranquille

La Vie tranquille
Francine Veyrenattes nous raconte - ou se remémore - comment son frère Nicolas se bat à mort avec son oncle Jérôme ; quelle garde discrète et sûre la famille monte autour de l´agonisant ; comment la liberté que Nicolas s´est ainsi conquise le conduit à l´amour, puis à la mort. Dans le même temps, Francine est aussi conduite à l´amour, et les parents à la folie.
L´impassibilité de la narratrice rend un son vite étrange. Que l´indifférence soit à ce point nécessaire, qu´elle suive si évidemment le fond des choses la rend furieuse, inconsolable.
Indifférente, elle est en fait le seul moteur du drame. Elle seule l´a voulu, suscité. Elle l´ignore elle-même. Elle en prend une conscience de plus en plus nette à mesure qu´elle raconte. Cette découverte devient même le sujet véritable du livre - qui est l´épuration progressive d´une âme - et son principal attrait.
On se promet : «On l´aura la vie tranquille.» Du sein d´une grande fatigue, on veut bien enfin se laisser aimer, et aimer. Et faire des enfants. Cette vie est sincère. Ces enfants seront posthumes. On veut bien du bonheur. C´est qu´on est simple enfin. C´est qu´on est morte enfin. C´est qu´on peut enfin vivre «pareille à tous, la plus à plaindre, pareille à tous...»