Robert Walser

avant de sombrer dans un oubli prolongé, encouragé par le silence de ses trente dernières années qu’il passa enfermé dans un asile. Car l’auteur de l’étrange et magnifique Institut Benjamenta (récemment adapté au cinéma par les frères Kay), des Enfants Tanneur, de La Promenade et du Brigand n’a cessé de tout brouiller - ses romans, ses scènes dramatiques, ses “petites proses”, ses “microgrammes” enfin, qui ont demandé plusieurs décennies de déchiffrement - dans d’infinies dérives, tout comme en permanence le cours de sa vie, qu’il voulait sans importance. Mais qui était ce personnage, issu de sa Suisse natale, rêvant de théâtre et se rabattant sur les cours d’une curieuse école de domestiques à Berlin ? Ce jeune poète, publié dans une maison d’avant-garde, finalement entré au service d’un aristocrate de Haute-Silésie pour polir des lampes à huile et lisser des hauts-de-forme ? Ce rustre insolent de retour au pays natal qui s’épuisait à battre la campagne, marchant jusqu’à ce que ses pieds soient en sang, puis décrivant des heures durant les rognures de sa gomme sur un coin de table ? A travers sept facettes de Robert Walser - l’enfant, le commis, l’acteur, le poète, le domestique, le promeneur et le fou -, Catherine Sauvat reconstitue le puzzle en préservant le mystère d’un homme à jamais insaisissable, auteur d’une oeuvre immense toute dévouée à l’écriture, d’une étonnante modernité, qu’on redécouvre enfin depuis quinze ans à peine. Parue chez Plon en 1989, cette très belle biographie, la seule existante en français sur Robert Walser, a été revue et augmentée par l’auteur.