Grândola Vila Morena

Jeudi 25 avril 1974. Minuit, 20 minutes et 12 secondes. Lisbonne, dans les studios de Radio Renaissance. Deux journalistes, responsables de l´émission culturelle Limite, de mèche avec le mouvement clandestin des capitaines, bravant la censure, envoient sur les ondes la chanson Grandola Vila Morena de José Afonso. C´est le signal convenu pour lancer l´insurrection militaire destinée à faire tomber le régime fasciste de Marcello Caetano, à partir des 24 unités militaires du pays. Dès la diffusion de la chanson, dans chacune des casernes, les militaires putschistes emprisonnent leurs commandants et, à 3 heures du matin, sortent des casernes pour occuper tous les postes stratégiques. Dans les dernières années de dictature, «Grandola» était devenu un hymne de résistance populaire. Aujourd´hui, au Portugal rendu exsangue par cinq années d´austérité imposée par la Troïka, le peuple se soulève à nouveau, pacifiquement, reprenant Grandola (qui célèbre l´égalité et la fraternité) comme bannière. Les Espagnols, lors de leurs manifestations, entonnent cet air qui devient une chanson internationale de lutte, soudant les peuples par-delà les frontières